24.07
2019 Gastronomie

S'il y a un lieu en France où les liqueurs ne sont jamais passées de mode, c'est bien en montagne. Elles font partie de son patrimoine culinaire. En boire une petite gorgée ou déguster un plat aromatisé à l'une d'elles, relève du rituel dans un séjour à la montagne.

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A la faveur de la mode du vintage et des cocktails, les liqueurs de montagne sont en train d'opérer un vrai retour en grâce en ville. Sur un marché de l'alcool très réglementé en France, barmen et grands chefs en sont les prescripteurs privilégiés. Apôtres de la mixologie, cette science des mélanges venue des États-Unis, ils ont sorti ces vieilles dames de la case digestif, pour favoriser des consommations plus banchées : apéritif, cocktails, nappage de glace, aromatisation de plats...

En montagne, si les liqueurs n'échappent pas à ces nouvelles dégustations, elles n'ont jamais été reléguées au placard. Bien au contraire. Véritables trésors régionaux s'exportant dans le monde entier pour les plus célèbres d'entre elles, à l'image de la Chartreuse Verte qui a plus de 250 ans, les liqueurs aux plantes de montagne font partie de son patrimoine culinaire. Chartreuse et génépi dans les Alpes, gentiane dans le Massif central ou le Jura, Izarra dans les Pyrénées. Depuis l'avènement du tourisme et des sports d'hiver, liquoristes et débits de boisson cultivent auprès de leurs hôtes, l'image d'un produit de tradition, chargé d'histoire, et exhalant les saveurs du terroir dont elles sont issues.

La liqueur de Chartreuse

Sur les 130 plantes entrant dans la formule secrète de la Chartreuse Verte, inventée en 1764 par frère Antoine, 1/3 proviennent du massif de la Chartreuse, dans les Alpes. Deux moines chartreux distillateurs sont aujourd'hui encore les gardiens de sa composition mystérieuse. Ils travaillent de concert avec la distillerie qui la fabrique à Voiron, à quelques kilomètres du monastère de la Grande Chartreuse. Dans le hall des caves, une exposition retrace la longue épopée de la Chartreuse verte à travers des témoignages de sommeliers, grands chefs, barmen, écrivains... 

Le Génépi

Obtenue à partir de la plus connue des plantes aromatiques poussant dans les Alpes entre 1 500 et 2 000 mètres d’altitude, la liqueur de génépi fait aussi partie de la culture alpine. "Elle est toujours appréciée par les amateurs qui aiment séjourner à la montagne, été comme hiver. Elle est la boisson spiritueuse emblématique des massifs alpins", assure Jean-Luc Scapolan de la Maison Dolin, fondée en 1815 à Chambéry. Si le liquoriste savoyard confirme l'incontestable engouement pour les cocktails à base de liqueurs, il souligne qu'il s'agit surtout d'un phénomène urbain. "La liqueur est appréciée nature en fin de repas. Certains vont rajouter de la glace. D'autres vont le verser dans leur tasse de café vide et ainsi mélanger les arômes de génépi à ceux du café".

L'Izarra : renaissance d'une liqueur centenaire

Du côté des Pyrénées, c'est néanmoins par le biais des nouvelles consommations visant la clientèle jeune, qu'une liqueur centenaire s'invite à nouveau avec succès sur les zincs et les tables d'altitude : l'Izarra. Cette marque basque de liqueur à base de fleurs des Pyrénées était en sommeil depuis plusieurs décennies. En 2011, Vincent Clabé-Navarre, un cadre trentenaire du groupe Rémy Cointreau, propriétaire de la marque, a décidé de relancer cet élixir végétal. Pour bien l'ancrer dans son territoire, il a fait rapatrier son siège social d'Angers à Bayonne, avec l'espoir un jour, d'y relocaliser sa production. L'âge d'or de l'Izarra remonte aux Années Folles et va durer jusqu'au milieu des années 70. Vantée par Hemingway, elle a un lien très fort avec la montagne. Du temps de sa splendeur, elle parrainait de nombreuses compétitions de ski. Dans les années 10 et 20, les consommateurs rajoutaient de la neige des Pyrénées pour la refroidir et développer ses arômes. C'est par ce mode de consommation que les initiés n'avaient pas oublié, et par le biais des cocktails, notamment le Mojito basque, que Vincent Clabé-Navarre appuie sa stratégie de reconquête. Mais, pas question de négliger les puristes, pour qui une grande liqueur, reste d'abord un digestif. D'où la création de l'Izarra 54 qui s'inspire de la recette originale de l'Izarra verte des années 10. Cette référence s'inscrit dans la lignée de ses deux vénérables aînées alpines, à qui les mixologues ont donné un sacré coup de jeune, mais qui tirent leur noblesse de la tradition.

©Actumontagne pour France Montagnes

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