24.05
2016
Style
Bergère depuis onze ans, Marion Molina passe tous ses étés en alpage, au-dessus d’Embrun. Fille de berger, la jeune femme a appris le métier “sur le tas”. Pendant plus de trois mois, elle veille sur un millier de brebis, avec le sentiment de faire corps avec la montagne.
Oubliez les clichés que vous pouvez avoir sur les bergers bourrus et rustiques ! Bergère depuis l’âge de 20 ans, Marion Molina est une jeune femme de 31 ans, pleine de joie de vivre, douée pour le partage et la communication. Ce qui ne l’empêche pas de passer ses étés en alpage, du 20 juin au 15 octobre, avec pour seule compagnie ses trois chiens, son chat, sa jument et les brebis qu’elle garde. Et parfois la visite d’amis ou de famille, et celle des éleveurs, qui la ravitaillent en produits frais.
Depuis cinq étés, elle monte à l’alpage de l’Hivernet, au-dessus d’Embrun (Hautes-Alpes), où elle garde mille brebis confiées par quatre éleveurs. Un lieu magique, à 2 200 mètres d’altitude, à l’écart de tout sentier, où s’expriment la puissance et la pureté de la montagne. Ses journées sont en phase avec le rythme de la nature : elle se lève avec le soleil et emmène les brebis dans le “quartier” (la portion d’herbe) où elle doivent brouter ce jour-là. À midi, elle rentre déjeuner à la cabane où elle vit, puis repart s’occuper des ses bêtes jusqu’à la nuit tombante. “Même si je dois surveiller les brebis et me déplacer avec elles, j’ai beaucoup de temps libre. Je lis, j’écoute de la musique, je médite. Je me sens toute petite dans cette immensité, je fais partie de l’univers. Je considère que c’est une chance inouïe de vivre ça, je suis seule là-haut, je m’approprie la montagne !”, sourit-elle.
Féminisation du métier
Si l’emploi du temps du berger reste immuable, ses conditions de vie ont changé. Le téléphone représente la principale révolution, lui permettant de rester en contact avec ses proches. Les cabanes sont plus confortables qu’avant, la plupart étant équipées de panneaux solaires, et certaines de douches.
Une autre évolution récente est la féminisation du métier. “Avec un minimum de condition physique, il est tout à fait accessible aux femmes. Je pense que maintenant il y autant de bergères que de bergers.”
Pourquoi ce choix de vie original ? “Mon père étant berger, j’ai passé un mois chaque été dans les alpages avec lui pendant mon enfance. J’aime ce style de vie. J’ai appris le métier auprès de lui et de certains éleveurs”. Et Marion d’ajouter : “Ce qui me plaît, c’est vivre avec pas grand chose, en immersion dans la montagne. C’est en alpage que je suis moi complètement”.
Le restant de l’année, elle vit dans son camion aménagé et travaille quelques mois pour différents éleveurs. “Je n’ai pas de maison par choix, je change souvent d’endroit, je me sens libre. Le salaire de l’été me permet de vivre correctement. C’est assez précaire, je n’ai pas d’argent de côté, mais je pense que je vis mieux que des gens qui ont un crédit par exemple", estime Marion, pas prête de rendre son bâton !
©Actumontagne pour France Montagnes
© Collection Marion Molina