26.06
2013 Style

En montagne, où l’hiver dure longtemps, les contes et légendes transmis jadis lors des veillées perdurent sans doute plus qu’ailleurs. Des conteurs et des festivals transmettent aujourd’hui ces histoires merveilleuses ou terrifiantes, toujours pétries de symbolisme.

Fruit de l’oralité, transmis de génération en génération, les contes et légendes ont en effet une place importante dans la culture et l’identité d’une région. Les récits des régions montagneuses mettent en scène une nature dantesque ou féerique, mais aussi des animaux, des plantes, ou des êtres surnaturels qui y vivent.

Ainsi, une légende commune à de nombreuses régions des Alpes raconte que l’edelweiss vient du ciel et serait une poussière d’étoile. L’étoile du berger, qui, après avoir guidé les Rois mages jusqu’à l’enfant Jésus, chercha un refuge sur terre et descendit sur les cimes des Alpes. Elle se divisa en une infinité d’étoiles filantes, se couvrant d’un duvet pour se protéger du froid. En accord avec cette légende, l’edelweiss symbolise aujourd’hui la protection de la montagne.

De cette façon, les légendes ont souvent permis de justifier la présence de plantes ou d’animaux dont l’origine semblait mystérieuse. Dans le Jura, une légende affirme que les sapins ont été créés par le diable pour protéger les diablotins des ardeurs du soleil l’été en montagne et des intempéries l’hiver. Avant de devenir également les protecteurs des humains.

Des histoires porteuses de sens

Les légendes sont parfois peuplées d’êtres fantastiques, qui délivrent le plus souvent un message. La vouivre, par exemple, est un personnage moitié femme moitié serpent, faisant partie du patrimoine oral des Montagnes du Jura. Pour se baigner dans les lacs de montagne, elle dépose un bijou de grande valeur sur la rive, suscitant la convoitise des humains. Ceux qui tentent de s’en emparer sont invariablement tués par la vouivre. Une légende qui illustre en quelque sorte le proverbe : “Bien mal acquis ne profite jamais”.

Les récits peuvent aussi mettre en scène des lieux emblématiques. Selon la légende, le dôme de Chasseforêt, l’un des sommets des glaciers de la Vanoise, était autrefois recouvert de riches pâturages. Un matin, pendant que les bergers trayaient leurs vaches, une fée, déguisée en vieille femme, s’approcha d’eux et leur demanda un peu de lait. Mais elle eut beau les supplier, ils ne voulurent rien lui donner. La fée lança alors une malédiction sur la montagne, et fit tomber une énorme quantité de neige sur l’alpage… qui se transforma pour toujours en glacier. Morale de l’histoire : l’égoïsme des hommes finit toujours par se retourner contre eux.

Le renouveau des contes

Ces histoires porteuses de sens se transmettaient autrefois à la veillée. Maintenant que la télévision et les ordinateurs occupent les soirées, les contes sont parfois relégués au rang d’histoires pour enfants. Heureusement, des conteurs professionnels ou amateurs continuent à faire vivre cette tradition orale, notamment lors de festivals ou de récitals.

Autres rencontres : le festival des contes de montagne, en septembre, à Mont-Dauphin (Hautes-Alpes). Le festival des contes et légendes, fin avril-début mai, à Baume-les-Dames (Doubs). Alors… raconte!, à Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne), fin janvier-début février. Le Printemps des légendes, en avril, à Monthermé (Ardennes).

Certains événements, comme Au bonheur des Mômes, en août au Grand-Bornand (Haute-Savoie), sans être spécifiquement dédiés au conte, lui accordent une place importante. Et la liste est loin d’être exhaustive…

Puisque le terroir et les traditions redeviennent tendance, les contes et légendes vont sans doute reprendre la parole. Et on le souhaite, car “une contrée sans légende est une contrée qui se meurt”, selon le conteur Zian des Alpes. 

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