18.10
2011
Style
L'essor et l'engouement du XXe siècle pour le ski et les vacances à la neige ont nécessité des aménagements sans précédent. Pour remplir leur mission, architectes et concepteurs ont laissé libre court à leur créativité et leur audace, souvent à partir de pages totalement vierges. Urbanisme, design et philosophie architecturale en montage, autant de créations remarquables désormais inscrites dans notre patrimoine culturel.
Parisiens, ou non, vous avez peut-être eu la chance de vous rendre au Petit Palais jusqu'en septembre dernier pour découvrir l'exposition consacrée à Charlotte Perriand. L'occasion d'admirer les productions photographiques de cette passionnée de montagne, disparue en 1999, et surtout d'aborder le travail de celle qui fut l'âme du cabinet d'architecture ayant bâti la station des Arcs jusqu'en 1982. Elle en a aménagé et équipé la plupart des bâtiments. La station posée sur les pentes de l'Aiguille Grive fut réalisée en une dizaine d’années à partir de 1968. R.Godino, initiateur du projet souhaitait une « nouvelle approche humaniste des vacances en offrant à la montagne, dans un cadre d’une grande beauté, une occasion de développement personnel, sportif et culturel dans un climat de liberté et à des prix acceptables » Ou comment créer la station idéale, accessible à tous ? Résolument avant-gardiste, l'architecture des Arcs s'inspire des réflexions de Le Corbusier et de la philosophie insufflée par Charlotte Perriand comme de l'équipe qui l'accompagne. Qu'ils soient architectes, graphistes, ingénieurs ou charpentiers, ensemble ils recherchent l’intégration dans le paysage en concentrant les constructions pour réduire l’impact. Ils font le choix d'une station sans voiture dont le tracé des chemins piétons définit l’implantation des commerces, des équipements, et des résidences. Chaque logement est conçu comme une cellule individuelle astucieuse dont l’organisation est modulable pour répondre aux exigences de surface.
Devoir d'inventaire
Cette épopée architecturale des Arcs n'est pas un cas isolé. Car d'autres équipes et collectivités locales ont aussi planché sur leur « station idéale ». Entre 1920 et 1980, les stations de sports d’hiver construites dans les Alpes ont été de véritables laboratoires d’urbanisme. Lorsqu'à Megève, en 1925 l'architecte, HJ Le Meme persuade N. de Rothschild de bâtir une station contemporaine et invente le chalet skieur. Ou lorsque J. Labro pense Avoriaz et met en oeuvre son concept de station sans voiture, accessible depuis la vallée par téléphérique. Fort logiquement, six d'entre elles, Megève, Courchevel 1850, Flaine, Avoriaz, Les Arcs et Karellis, ont fait l'objet d'un inventaire, initié en 1994 par le ministère de la Culture. Un travail de fourmis pour recenser toutes les constructions et aménagements, pour interviewer les principaux intéressés, faire des enquêtes de terrains comme plonger dans les fonds archives des cabinets d'architectes comme des municipalités. Et toujours ce même constat : Pour chaque station, les concepteurs ont répondu par des créations originales propres à chaque site. Outre une oeuvre d'archive salutaire, cette mission a surtout pour but de mettre en lumière un incroyable patrimoine architectural et d'en assurer ainsi la sauvegarde grâce, entre autre, au label « patrimoine du XXe siècle » ou de la protection au titre des Monuments Historiques. Ou comment préserver des créations architecturales hier avant-gardistes, devenues aujourd'hui remarquables.